Pris séparément, les manuels scolaires semblent exempts de préjugés ou attitudes racistes. C’est globalement qu’ils forment un système très cohérent et très efficace, permettant de transmettre cette idéologie sous la forme d’une conception du monde où l’idée de race, opérant en sous-texte, reste le premier principe explicatif des différences entre les humains. Cela tient surtout à la division du travail entre Histoire et Géographie. En simplifiant à peine, on pourrait dire que l’Histoire c’est Nous, alors que les Autres sont de la Géographie. Dans cette architecture mentale, tous les progrès de l’Humanité sont attribués à Nous (les Occidentaux, les blancs), tandis que les Autres semblent irrémédiablement voués au sous-développement à cause du climat (la nature extérieure) ou de leur mentalité (la nature intérieure). Toute une série de contradictions se trouvent ainsi mises en scène de façon systématique. Pour restaurer la cohérence, la seule solution logique, sans doute bien assimilée inconsciemment, serait d’affirmer l’existence de deux sortes d’humains, différents par nature. En d’autres mots, l’existence d’une race supérieure. Cette formulation est bien entendue réprimée par la morale antiraciste, de sorte que le système global d’explications, avec toutes ses contradictions, peut être maintenu et transmis à l’insu de tous. Il s’exprimera seulement dans certaines circonstances conflictuelles. Mais les différences entre humains peuvent être expliquées autrement, et sans incohérences.
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Livre imprimé, français, 1990
Éditeur : Agence d’ARC, Montréal, 1990
Collection :́ Éducation (Agence d’ARC)
Description matérielle : 401 pages ; 23 cm
ISBN: 9782890222038, 2890222039